Tant de mots, tant de pages écrites depuis toujours, tant de livres offerts à la pensée, tant d’Everest en papier, tant d’idées formulées dans tant de langues, s’alignent sur les rayons sans nombre de nos bibliothèques. Même le futur, dont on perçoit déjà l’écho en langue data, semble pouvoir s’y profiler, avec une grande frénésie de clavardage qui souhaite tout renouveler. Depuis toujours, les écrivains échafaudent des forteresses de logique, et tentent d’en détruire d’autres, se risquent aussi à l’élucidation naïve des mystères du monde, ce monde outrancièrement chiffré dans lequel la vie évolue tout en prenant somme toute plaisir à être compliquée.
Qu’il s’agisse simplement de témoigner de tant de sentiers empruntés, ou de manier la plume par pur plaisir, de relater des événements uniques, ou de se plaindre de son propre sort, cet exercice aura toujours bien du mérite, car cela contribuera encore plus à faire la différence entre être humain ou bien une pierre, fut-elle pensante. C’est que ces mots, ces phrases, ces pages écrites et lues, et relues, ou ignorées parfois, témoignent tout de même de quelque chose, d’interrogations incontournables quand au sens de notre drôle de passage en cet univers si équivoque.
Bien sûr, chaque trait de plume loge dans une niche temporelle, ses personnages habitent ainsi un temps catalogué par l’Histoire officielle et en portent en général les traces. Au XIVe siècle il est arrivé ceci, au XVIIIe cela, les lumières tiens, dans la première moitié du XXe, les grandes guerres, et cet acharnement à vouloir à tout prix avoir raison, au XXIe naissant le clavier s’offre un délire, et dégage l’impression de communiquer… Mais parfois, hormis les décénies allouées, et l’empressement à se répéter, il arrive que des passages plus inspirés, aux paroles plus éternelles que d’autres s’échappent brillamment du moule. Ainsi donc, entre ces monts de mots patiemment accumulés par la littérature, entre ces millions de pages escarpées, forgées par d’intenses regards, entre ces vallons de descriptions interminables, ou même entre ces moments juste faits pour camper une histoire, il y a parfois un autre temps qui s’ancre, un temps sans repère, un temps où les mots nous interpellent plus que d’habitude, comme si une ascension vertigineuse devenait enfin possible, ou pouvait en créer l’illusion. Alors le lecteur se sent soudainement appelé à lire mieux, et il se souffle soudainement à lui-même ces quelques mots inespérés: enfin, je lis! Puis finalement, plus euphorique qu’à son habitude, il n’est pas impossible non plus qu’il puisse aussi se dire: enfin je vis! Mais, au fait, cette dernière affirmation serait-elle issue de vivre, ou bien de voir ? Hum, des deux peut-être ? Quoiqu’un des verbes soit au présent, et l’autre au passé simple, mais rendu là, on peut envisager que cette idée relève du fusionnel car le temps est enfin aboli, pourquoi pas ? Citations, passages clignotants, savent alors évoquer un temps sis hors-secondes, ce temps-ascenseur, propulsant jusqu’au palier hors édifice. C’est presque au centre de nous-même que nous nous retrouvons alors projeté, en ce lieu qui d’ordinaire demeure étonnamment presque hors d’atteinte. Elles en ont le pouvoir, ces citations. Le reste dépend de chacun.
Papyrus sur la bibliothèque
Huile sur isorel, 2012, 30 X 40 cm (12”X16”).
Sablier sur la bibliothèque
Huile sur isorel, 2018, 46 X 61 cm (18”X24”).
Le
rêve du docteur Gachet
Huile sur isorel, 2018, 46 X 61 cm (18”X24”).
Le mont des livres
Huile sur toile, 2019, 76 X 102 cm (30”X40”).
Paroles
volantes
Huile sur toile, 2019, 76 X 102 cm (30”X40”).
Ne dérangez pas mes cercles
Huile sur toile, 2019, 76 X 102 cm (30”X40”).
Iku kawa no nagare (le débit de la rivière)
Huile sur toile, 2019, 76 X 102 cm (30”X40”).
Une buée d’or
Huile sur toile, 2020, 76 X 102 cm (30”X40”).
Dans ces miroirs
Huile sur toile, 2020, 76 X 102 cm (30”X40”).
Vases, fenêtre, pinceaux, livres et pommes
Huile sur isorel, 2020, 30 X 36 cm (12”X14”).
Sur et sous la table I (livre ouvert à la page de Sakai
Oho)
Huile sur isorel, 2020, 36 X 41 cm (14”X16”).
Sur et sous la table II (livre ouvert à la page de Sakai
Dôitsu)
Huile sur isorel, 2021, 30 X 36 cm (12”X14”).
Sur et sous la table III (livre ouvert à la page de Sakai
Hôitsu)
Huile sur toile, 2021, 41 X 51 cm (16”X20”).
L’oiseau
derrière l’oiseau
Huile sur toile, 2021, 76 X 102 cm (30”X40”).
Cercles de lectures
Huile sur isorel, 2021, 36 X 41 cm (14”X16”).
Avant de s’envoler
Huile sur toile, 2021, 76 X 102 cm (30”X40”).
Le
pavillon d’or
Huile sur toile, 2021, 41 X 56 cm (16”X22”).
Livres et mondes sous-jacents